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Le blog de Christophe Lamoure

Nietzsche et Wagner (1)

13 Mars 2009 , Rédigé par Christophe Lamoure Publié dans #Textes



 

Wagner et Nietzsche sont contemporains mais ils ne sont pas de la même génération. Wagner est né en 1813 tandis que Nietzsche est né en 1844. Trente et un ans les séparent l'un de l'autre. Wagner a donc, lorsqu'il vont se rencontrer, une position plus affirmée que celle de Nietzsche, son œuvre est déjà riche et reconnue, même si elle est controversée, tandis que l'œuvre de Nietzsche est encore en germe.

Ce qui rapproche d'emblée ces deux personnages, c'est que d'une part, quoi qu'étant musicien, l'un, Wagner, nourrit un grand intérêt pour la philosophie, voire un intérêt passionné pour l'œuvre d'un philosophe, à savoir Arthur Schopenhauer, dont il a découvert et lu avec émerveillement l'œuvre maîtresse : Le Monde comme volonté et comme représentation ; et d'autre part, quoi qu'étant philosophe, l'autre, Nietzsche, est non seulement un mélomane passionné mais il a suivi des études musicales qui ont fait de lui un excellent pianiste, qui l'ont même conduit à la composition – il raconte qu'en 1854 (il a 10 ans) « Le jour de l'ascension […] j'entendis le chœur sublime du Messie [de Haendel] : l'Alléluia ! […] Je pris aussitôt la ferme résolution de composer quelque chose de semblable » - et surtout la musique occupe une place essentielle dans son existence : on connaît la phrase célèbre tirée de son livre Le Crépuscule des idoles « Sans la musique, la vie serait une erreur », on peut aussi songer à ce mot moins connu qu'il prononce alors qu'il n'a pas encore 20 ans : « Lorsque je n'entends pas de musique, tout me semble mort ».

C'est en 1861 (il a 17 ans), grâce à son ami Krug, que Nietzsche découvre pour la première fois la musique de Wagner mais sans, semble-t-il, que cette découverte soit l'occasion d'une révélation. A cette période de sa vie, son compositeur de référence est Robert Schumann, à qui il voue une immense admiration, allant jusqu'à se rendre sur sa tombe (mort en 1856) pour y déposer une couronne (octobre 1864). Un peu plus tard, en 1866, il étudie même avec des « sentiments mêlés » la transcription pour piano de La Walkyrie de Wagner.


La véritable rencontre entre Nietzsche et la musique de Wagner n'aura lieu qu'en 1868 à Leipzig. Il en fait le récit dans une lettre à son ami Erwin Rohde : « J'ai été ce soir à l'Euterpe pour le premier des concerts d'hiver et je m'y suis régalé tant du prélude de Tristan et Isolde que de l'ouverture des Maîtres Chanteurs. Je n'arrive pas à m'imposer, devant cette musique, une froideur critique ; chacune de mes fibres, chacun de mes nerfs est en émoi et depuis longtemps je n'avais pas éprouvé, comme à l'audition de cette ouverture, le sentiment d'être ravi hors de moi » (lettre d'octobre 1868).

Voici un enregistrement du Prélude de Tristan et Isolde qui a tant bouleversé Nietzsche :



(à suivre)
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T
<br /> <br /> Et dire que ce samedi 9 octobre je vais écouter l'OR DU RHIN en direct... depuis le MET ! A DAX !<br /> <br /> <br /> J'ai boudé Wagner jusqu'ici, mais la voix de Jonas Kaufmann m'oblige à entrouvrir ce monde et votre chronique tombe à pic ! En plus, il aimait Schopenhauer, voilà qui m'incite à un maximum de<br /> vigilance !<br /> <br /> <br /> Parfait. J'ai du pain sur la planche.<br /> <br /> <br /> Tante Léonie<br /> <br /> <br /> <br />
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