FRANCE
Que reste-t-il à un peuple près de l'épuisement, à un peuple retranché hors de l'histoire, revenu de toutes les controverses intellectuelles, délesté de la moindre conviction, moquant toute valeur et tout sacrifice ? Que reste-t-il à un peuple finement et décisivement sceptique ?
Il lui reste à disparaître, il lui reste à s'effacer.
Puisque plus aucune illusion ne le porte, il ne peut que perdre pied et quitter la scène des grands affrontements, qu'ils soient guerriers, économiques, moraux ou spirituels. Il lui revient de devenir spectateur, ce qui est la voie de l'effacement la plus intelligente, la plus élégante. Ne pas chercher à faire durer l'illusion ou le corps d'illusions qui pouvait encore nous tenir chevillés à l'histoire et à ses affaires mais faire un pas de côté, laisser à d'autres le prestige des passions aveugles et des succès terribles.
La résolution ne devrait pas trop coûter à un peuple si doué pour la désillusion, à un peuple capable de voir si clairement et si distinctement le néant qui nimbe toute entreprise et toute action humaines.
« Nous n'en sommes pas », pourrait devenir la devise des habitants (mais qu'habitent-ils ? Un nom ?) de ce pays en voie d'oubli.